• 42e épisode - L'avènement de Clovis

    Depuis septembre 476, l'Occident ne compte plus d'empereur romain mais cela ne signifie pas pour autant, la disparition du monde Gallo-romain et sa civilisation qui restent représentés par la noblesse et l'essor de l'épiscopat. C'est pourquoi nous continuons de suivre les transformations et bouleversements qui vont modifier profondemment le monde occidental. Nos correspondants restent issus de la lignée des Fabullus et voici maintenant le récit de Junius, fils de Fabullus le jeune, qui résidait à Clermont avec son parrain Sidoine Apollinaire. Suivant la voie de son père, il était un écrivain reconnu et érudit. En 462, il fut envoyé en qualité de plénipotentiaire laïc, du pape Hilaire à la cour du roi Childéric 1er, roi des Francs saliens. Voici quelques extraits de son journal :

    Ma représentation comme laïc du pape Hilaire, vise à promouvoir la neutralité de l'Eglise de Rome auprès des rois germaniques fédérés malgré qu'ils soient attachés à l'hérésie arianiste. Petit rappel de la situation : après avoir désigné Rome comme étant le siège apostolique, en 354, le pape Libère fixe la naissance du christ au 25 décembre. Il s’agissait de faire coïncider cette date avec la fête traditionnelle romaine des saturnales qui était aussi celle de Sol Invictus (le Soleil Vainqueur du culte de Mithra) qui annonçe le retour du soleil après le solstice d’hiver. Ce choix permet surtout de rappeler que Jésus représente la lumière du monde et donc il ne pouvait naître qu’à cette période. 
    Le 25 décembre est depuis une date sacrée dans l’évangélisation progressive du christianisme conciliaire et trinitaire (catholicisme) qui prône l’égalité entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit offrant ainsi une doctrine cohérente face à l’arianisme qui reconnaît les pouvoirs extraordinaire du Messie tout en ne lui reconnaissant pas la déité et le plaçant hors l’Eglise.

    Depuis le milieu du IVe siècle les peuples fédérés les plus romanisés (Burgondes, Ostrogoths, Wisigoths, Vandales...) adoptent le christianisme mais dans sa version arienne. Et donc, avec les derniers empereurs romains d’occident et l’établissement des royaumes barbares, l’obédience conciliaire décline au profit de l’arianisme. En ce qui concerne les Francs, ils restent païens et partagent avec d’autres tribus de Germanie, le culte des Ases desquels descendent les familles royales ce qui fait que les rois sont à la fois chefs de guerre, et détenteurs du pouvoir spirituel et bien sûr lorsqu’ils se convertissent, ils optent pour l’arianisme qui leur permet de concentrer leurs pouvoirs sur trois plans : la guerre, l’Etat et la religion.

    L’Eglise conciliaire quant à elle, reste très influente dans la noblesse gallo-romaine et s’appuie sur le partage des pouvoirs entre le roi laïc (pouvoir temporel) et le pape (pouvoir spirituel) avec plus ou moins de succès et un minimum de tolérance de la part des rois barbares.


    A la fin du Ve siècle, profitant de la faillite des empereurs romains, les royaumes barbares en Gaule cherchent à étendre leurs influences et leurs frontières. Les Francs au nord-est (Gaule Belge jusqu'à la frontière rhénane et de Reims à Amiens et Boulogne), les Burgondes en Savoie (Sapaudie) et Lyonnais, les Wisigoths au sud de la Loire en Languedoc et dans la vallée de la Garonne ainsi qu’en Espagne (ils sont les moins tolérants avec les chrétiens conciliaires qu’ils dominent), Les Ostrogoths présents en Provence cherchent surtout le maintien de l’équilibre entre les royaumes. Quant à l’empire d’Orient il s’efforce à distance, de contenir les souverains germaniques. Dans cette mosaïque nous trouvons un « royaume romain » ou devrais-je dire, une enclave, dirigée par un général romain, Syagrius, établi dans la région de Soissons.

    C’est dans ce contexte chaotique que va émerger le fondement du territoire qui deviendra le royaume de France. Les Francs saliens ont à leur tête, Childéric un chaud lapin qui finit par se ranger des voitures après avoir séduit et épousé Basine reine de Thuringe, qu’il ramène avec lui à Tournai. De leur union nait en 466, Chlodowig (qui signifie « celui qui s’illustre dans la bataille). A la demande de Basine, je suis alors désigné pour être son précepteur. Chlodowig passe ses premières années, comme il se doit dans le gynécée des femmes ; il parle le francique, langue germanique, et je lui apprends le latin puisqu’il devra succéder à son père. Ce dernier, lui offre pour ses sept ans un bouclier et un scramasaxe de cérémonie, couteau-épée d'une vingtaine de centimètres, à la fois pointu et coupant, qui se porte dans un étui simple, le plus souvent horizontalement dans le dos au niveau de la taille ; c’est une arme et un outil à tout faire (en quelque sorte l’opinel que l’on offrait au garçon avec sa première montre bracelet, le jour de sa première communion soit vers les neuf ans « note de l’auteur »).

    Dès sa majorité (douze ans) et avant qu’il ne soit en âge de combattre (quinze ans), des instructeurs sont chargé de lui donner une instruction basée sur la guerre : équitation, activités sportives et chasse. Ils lui adjoignent mon propre fils Maëlius alors âgé de 18ans, venu faire, parmi la garde rapprochée de Childéric, sa propre formation militaire. Les deux garçons s’apprécient rapidement et deviennent de joyeux compagnons aussi prompts à la sottise que sérieux dans leur formation.

    En 481, Childéric ferme son parapluie et son fils est proclamé roi des Francs sous le nom de Clovis. Connaissant le caractère volontaire et rude du jeune roi, Maëlius se place en retrait ; il décide de rester à ses côtés et se propose comme simple chroniqueur sans prendre parti. Clovis qui était chagriné de perdre son ami, accepte l'offre et le nomme accompagnateur.

    Je suis convaincu que sa destinée marquera l’avenir ! déclare Maëlius à son père.

    Je te laisse prendre ma suite, je retourne à Clermont, lui répond ce dernier.

    Voyons ce que  les chroniques de Maëlius vont nous apprendre...

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