• Pinocchio - Épisode 1 - Le bout de bois

    Nous voilà repartit pour un nouveau feuilleton ; Accrochez vos ceintures

    Il était une fois.
    Rien que de lire, écrire ou entendre cette simple phrase, tu frissonnes ; tu sais que tu t’embarques dans une aventure croquignolesque qui te fera sourire, rire, grimacer, pleurer, hurler, hausser les épaules, baisser les bras, fermer les yeux, ouvrir les oreilles (personnellement, les miennes ne sont jamais fermées et je n’ai jamais vu un blaireau avoir les étiquettes qui se refermaient sur son circuit auditif), bref te voilà embringué dans un conte de fées. Et ça, c’est bien un truc d’adulte pour te faire passer une leçon de morale et t’éducationné sur les choses de la vie.

    Sans compter que ça peut se montrer dangereux. Non ! Si ! La preuve ! Écoute, écoute... 
    Quand j’étais momignard, j’allais à la cambrousse en champ aux vaches, c’est-à-dire placé chez un paysan où je participais de juillet à septembre aux travaux agricoles, les foins, la moisson, les fruits, les vendanges et j’avais en garde une chèvre, blanche comme celle de monsieur Seguin, mais moins foldingo car elle ne s’éloignait pas de la ferme au grand désespoir du loup qui restait la langue sur les godasses ou ses pattes, si tu préfères. Dans les faits, ma participation aux taches agricultesques était symbolique.
    Désolé pour les fans de Victor Hugo, j’étais pas chez les Thénardier, mais chez de braves gens. Lui était président du comité des fêtes et sa fille avait épousé le facteur qui était le chef de la fanfare.
    Je les accompagnais toutes les semaines dans les fêtes de village du Beaujolais. Quand tu as dix ans, c’est le bonheur absolu et j’en garde le souvenir. Mais bon, oublions cette belle tranche de vie pour revenir à notre propos sur le danger de certains contes.

    Il y avait dans une ferme voisine une petite drôlesse, un peu culcul-la-praline, gentillette mais pas très futée rusée ; Elle venait parfois par chez nous avec sa maman.  Un jour que nous causions à côté d’un marigot, elle me dit en arnouchant un crapaud : 
    - Je vais lui taper la bise, il va se transformer en prince et moi en princesse et tu seras mon écuyer.
    Avant que je rebrique, elle chope la bestiole et lui bise la tête ; beurk, beurk ! Je te dis pas la « cata » avant de compter jusqu’à dix, ses lèvres se mirent à doubler de volume et des petits bubons se formèrent autour de sa bouche, de l’impétigo, je crois.
    En fait de royaume, elle récolta une fessée et dû manger sa soupe avec une paille pendant trois jours. Depuis, j’ai toujours eu un doute sur ce que racontaient les grandes personnes. Et puis d’abord, le crapaud y causait pas, ça pouvait pas être un prince !

    Mais commençons notre histoire. 

    C’n’est pas du Disney mais du Carlo Lorenzini connu sous le pseudonyme de Collodi et ça se passe dans un petit village pauvre, des autrefois, en Italie.

    Il était une fois donc un micheton d’un âge avancé qui exerçait la profession de menuisier. Il avait pour blase Antonio, mais était surnommé maître Cerise à cause de son tarin rouge et brillant. Il faut préciser, qu’il ne suçait pas de la glace et carburait au gros rouge qui tache, un beaujolpif de derrière les fagots que son estogome, blindé comme un char Patton parvenait à supporter.
     

    Un jour qu’il vadrouillait dans la forêt, il dégota un bout de bois, une sorte de rondin long et droit, du tilleul, un bois facile à tailler et léger. Idéal pour un pied de guéridon, pensa-t-il. Tout content, il le mit sur son épaule et rallégea dans sa carrée.  
    S’enquillant dans son atelier, il prit une hachette bien affutée pour enlever l’écorce et le dégrossir, mais à peine donna-t-il le premier coup qu’une voix de quinche supplia : - Frappes pas si fort !

    Alors là, croies-moi, la binette de Cerise vaut son pesant de gratons ; elle vira cramoisie, pareille à celle qu’a du avoir Jeanne, la bergère de Domrémy  du côté de Fassolle-la-scie-d’eau, qu’avait trouvé sa voie en entendant celles qui lui parvenaient d’en haut. Des mauvaises langues disent qu’elle confondait l’eau claire avec le schnaps aux mirabelles, mais ceci ne nous regarde pas.

    Cerise fit le tour de sa casbah, lorgna sous l’établi, dans l’armoire à outils et la panière pleine de copeaux et de sciure ; mais fifrelette, personne, pas même la queue d’un rat. Se gratouillant la perruque en chassant au passage quelques poux, il se remit au chagrin, repris la hache et coupa un morceau d’écorce.  
    - Aïe ! Sauvage, tu m’as fait mal ! reprit la voix.

    Nom d’une lime-râpe ! s’exclama le bonhomme, on dirait que ça vient de la bûche ; serait-elle habitée par un gnome ou un farfadet ? Il la saisit, la secoua dans tous les sens, la frappa sur l’établi, contre le mur, puis en approchant ses portugaises du morceau de bois, il écouta attentivement, mais aucun son n’en sortit.

    - J’ai dû avoir des hallucinogènations, se dit-il ; faudrait peut-être que je force moins sur la bibine ! Il prit son rabot pour adoucir le rondin. Au deuxième aller-retour de la varlope, la voix pointue recommença :

    - Hi ! Hi ! Hi ! Arrête de me faire des papouilles, je suis chatouilleux comme un adjupète sur le règlement.

    S'en était trop, Cerise partit à dame et se retrouva le cul par terre comme sonné. C’est alors qu’on frappa à la lourde de son estanco. 

    Fin de l’épisode, à suivre...


    Qui c’est y donc qui vient ?
    Réponse A – Blanche-Neige et le prince Catodik ; elle est enceinte et ils viennent commander un berceau.
    Réponse B – Le facteur venu apporter un commandement d’huissier vusse qu’il a trois mois de retard dans ses paiements à l’URSSAF (Union de Récupération et de Saisie des Sous des Artisans Fauchés).
    Réponse C – Son copain Geppetto sculpteur sur bois et aussi à la dèche que lui et qui vient lui demander un petit service.
    Réponse D – L’instituteur du village pour la commande de nouveau bureaux pour la rentrée prochaine. (L’instruction publique primaire étant devenue obligatoire).

    Glossaire
    Étiquettes - ce sont les oreilles.  
    Vadrouiller
    marcher, vagabonder sans but précis.
    Dégoter – trouver, découvrir.
    Carrée – chambre, maison quelconque.  
    Fifrelette - vient de fifrelin qui signifie pas grand-chose et donc c’est un peu comme dire ‘rien du tout’  puisque si peu de choses.
    Lourde, c’est une porte, mais s’emploie surtout pour une porte d’entrée massive, pas une porte d’intérieur. 


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