• Blanche Neige - épisode 4 - La petite maison dans la forêt

    Ah qu’il est beau le débit de lait
    Ah qu’il est laid le débit de l’eau
    Débit de lait si beau débit de l’eau si laid
    Charles Trenet le fou chantant qui m’enchantait

    Où la momignarde ne se laisse pas abattre ! 

    Pendant ce temps, Blanche Neige, sans souci la griotte trottine à travers bois, saluant au passage deux accros du tarot, deux écureuils qui tapent le carton après avoir fini leur journée de turbin à la Caisse d’épargne. L’un d’eux fume un joint et gouale comme Plastic Bertrand « ça plane pour moi ! » tandis que l’autre s’envoie derrière la cravate une eau-de-vie de noisettes préparée par le schtroumpf alcoolo qui est aussi bouilleur de cru.

    Blanche Neige - épisode 4 - La petite maison dans la forêtElle croise Croâ le corbeau facétieux dont l’activité principale est de faire tourner en bourrique sa victime habituelle, Fox le renard qui a l’inverse de ses congénères n’est pas un canidé rusé ; bien au contraire, il a tout du blaireau.
    Le facétieux volatile décide ce jour-là de lui faire le coup du calendos fourré. Apercevant la princesse, Il met le bout de l’aile droite devant son bec pour lui intimer de faire silence. Celle-ci surprise se pose discrètement sur une souche, derrière un petit bosquet.
    C'est alors que Fox qui rallège dans le coinstaud arreluque le pignouf de corbac qui, sur son touffu planqué tient dans son bec un coulant baraqué, un brie de Meaux AOP comme celui qui avait été couronné « roi des fromages » au Congrès de Vienne en 1815 au cours d’un dîner organisé par Talleyrand (pour les puristes qui vont encore la ramener en ricanant pour me dire que le brie est de taille impressionnante et il ne peut tenir dans le bec du volatile, je leur rebrique que bien sûr, mais après tout un corbac ça ne mange pas de fromage et on n’a pas fustigé La Fontaine pour autant ; alors n'ergotons pas sur la taille du coulant !)
    Fox qui avait lu ses classiques crut tenir sa revanche. Il commença à débloquer sur le ramage et le plumage de son ennemi lequel fit semblant de marcher dans la combine en lâchant le fromgi. Comme de bien s’accorde, notre renard s’enfile gloutonnement le brie et se retrouve la gueule en feu car Croâ avait assaisonné le fromage en le bourrant de piments d’Espelette. Tandis que Fox fait feu des quatre fuseaux vers le plan d’eau le plus proche, Croâ se tord de rire sur sa branche.
    - C’n’est pas bien ! Le gronde la princesse qui s’éloigne en pouffant sobrement vu qu’elle n’est pas une poufiasse.

    Tout est donc normal et la vie s’écoule paisiblement dans la forêt. Toute occupée à folâtrer, notre gosseline en oublie la nuit qui tombe : « boum ! ». C’est un soir de pleine lune à faire le régal des loups-garous. La brise légère s’est renforcée et le vent souffle maintenant en courtes rafales, agitant les branches qui se déploient et créent des ombres effrayantes et fantomatiques pareilles à des spectres, fantômes, mouines et autres succubes qui frôlent et semblent menacer la princesse. Quant au bruissement des feuilles, il évoque les gémissements des damnés se tordant dans les flammes de la géhenne.
    Ça fout les boules, non ! Même moi, quand je relis ce passage, j’en ai le tracsir, le trouillomêtre à zéro. Quand tu penses qu’il y a des parents tartignoles qui dégoisent de tels contes de fées à leur petit merdaillon calé dans son page, prêt à rejoindre les bras de Morphée. Après ils tombent du cocotier en constatant le lendemain matin que le gamin énurétique a lansquiné dans ses plumes. Le plus jubilatoire, c’est lorsque le moufflet cauchemardeux raboule dans leur carrée en braillant, complètement terrorisé, en leur collant la lumière d’un halogène dans les mirettes façon gestapo. Si vous voulez mon avis, et même si vous n’en voulez pas, de toute façon je vous le donne, je pense qu’il vaut mieux lire à son minot du Stephen King, ou le coller devant la téloche pendant les infos de vingt heures ; là au moins vous savez pourquoi il a les grelots.

    Blanche Neige, toute chamboulée, et épuisée d’avoir trop cavalé, tombe dans les pommes, (comme ça on ne va pas y passer la nuit). Elle sort des vapes au petit matin, fait une petite décrassouillette à la baille d’un ruisseau, puis prépare son petit déjeuner en sortant de son sac Vuitton, une galette, un petit pot de beurre, sa théière, Pretty Woman (c'est mon choix pour le petit déjeuner, un thé vert Sencha de Chine parsemé de poivre rose, arômes fraise et vin mousseux ; Miss Damman, thé vert au citron, gingembre, fruits de la passion, n'est pas mal non plus) et son petit réchaud portatif.

    Proprette et sustentée, elle s’enquille sur le chemin et crapahute de nouveau une partie de la journée sans, cette fois, croiser le moindre minou. Au moins, songe-t-elle, personne ne pourra rencarder ma belle-doche sur mon itinéraire. En tout début d’après-midi, elle commence toutefois à baliser dans la crainte de passer la prochaine nuit à la belle étoile, quand, au détour d’un chemin, elle aperçoit … Vous avez deviné bien sûr, Blanche Neige venait d’arnoucher  une casbah au toit de chaume avec, dans la cour, sur le devant, un lavoir muni d’une pompe desservant sept petits lavabos.
    - Il doit s’agir d’une colonie de vacances, gamberge-t-elle. J’ai les arpions cramés. Je dormirais bien dans ce coinstaud qui me paraît bonnard. D’accord, ce n’est pas Versailles, mais quand t’es crevée, faut pas chipoter. La lourde n’étant pas verrouillée, il lui suffit de soulever le loquet (elle aurait pu tirer la bobinette pour que la bobinette cherra, mais c'est plus compliqué) pour s’encarrer dans la turne. Dès qu’elle franchit le perron, elle bloque sur ses fumerons devant le spectacle qui s’offre à ses calots ébaubis...

    Fin de l’épisode, à suivre.

    Mais que Zieute donc notre gisquette ?

    Réponse A – La reine mère qui, grâce à ses pouvoirs magiques et les infos de Gaston, l’a devancée et la reluque, ses yeux jetant des éclairs et un sourire sardonique aux lèvres.
    Réponse B – Le prince Charmant (c’est son nom de famille) qui lui jabille en passant sa langue sur ses lèvres : « Alors ma gosse on se fait un petit caprice ! ». Il avait vu à la téloche la pub de "caprice des dieux".
    Réponse C – Dans la piaule règne un désordre indescriptible (je ne décris pas pour ne pas choquer la ménagère de plus de cinquante ans), la table n’est même pas débarrassée et de la vaisselle s’empile sur la pierre d’évier de la souillarde).
    Réponse D – Autour d’une table ronde, le roi Arthur est en train de donner leur feuille de route à six chevaliers qu’il charge de retrouver le Saint Graal, étaient présents : Lancelot, Perceval, Galaad, Gauvain, Dagonnet et Yvain.

    Ça se corse comme disait Napoléon devant Moscou. A plus mes besons ! Je vous coque. 

    Glossaire :

    Taper le carton  - jouer aux cartes.
    Blaireau, pigeon, locdutermes désignant celui qui est facile à berner. Arreluquerregarder fixement : en parler lyonnais on rallonge un terme pour en accroître l'intensité - arreluquer pour reluquer,  attatends pour attends... 
    Calendos, coulant, fromgi -
    Un calendos est toujours un camembert - coulant c'est aussi un fromage frais qui en vieillissant se met à couler voir se peupler de petits asticots (astibloches) ce qui donne l'impression qu'il "marche" - fromgi est le terme générique de fromage.
    Traczir, trouillomètre à zéro, pétoche : au moins une quinzaine de mots désignent la peur avec des degrés d'intensité : de bloblote une petite peur à trouillomètre à zéro qui symbolise bien la peur glaçante et paralysante au degré zéro. De même avoir peur, baliser, se décline en plus de quarante expressions dont certaines croustillantes comme bander mou ou perdre ses légumes. Peureux possède aussi ses expressions imagées comme "avoir de l'eau de bidet dans les veines".
    Arpions cramés - pieds brulants.
    Bloquer sur ses fumerons - se planter brutalement sur ses jambes, stopper. Souillarde - A Lyon, les vieux appartements disposaient dans la cuisine, d'un renforcement, la souillarde, qui donnait sur le tuyau d'évacuation des eaux usées, il y avait l'évier et la pierre d'évier où nous entassions la vaisselle et où nous préparions les légumes ; ce coin comportait aussi une petite fenêtre en renfoncement du gros de mur et qui donnait sur la cour des immeubles et que la cuisinière ouvrait pour éviter la buée. Dessous c'étaient les produits d'entretien, seau et broc en fer blanc pour aller chercher l'eau à l'une des fontaines situées le long des trottoirs. Au-dessus, petits placards ou étagères accueillaient les gamelles, poêles et tout le petit matériel pour préparer le repas. 


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