• 35e épisode - Constance II et Magnence - La faute

    En 337, Constantin II succède à son père conjointement avec ses frangins Constance II et Constant 1er. Les trois galapiats décident de faire le ménage et commencent par éliminer leurs deux cousins : Dalmatius qui contrôle la Thrace, l’Achaïe et la Macédoine et son frère Hannibalianusrex regum et ponticarum (roi des rois des peuples du Pont). Pour l’anecdote soulignons que les cousins avaient tous deux été éduqués par Exupérius ; celui-ci était-il un lointain ancêtre de Saint-Ex ? L’histoire ne le dit pas. Ensuite, Le 9 septembre 337 en Pannonie, les trois frères se partagent l’empire : Britannia, la Gaule et l’Hispanie pour Constantin. L’Italie, l’Afrique et l’Illyrie pour Constant et l’Orient  pour Constance.
    Seulement voilà, Constantin veut faire valoir ses droit à la 
    primogéniture (notre droit d’ainesse du moyen-âge), d’autant qu’il conteste à Constant d’avoir reçu la Thrace et la Macédoine. Tu rajoutes à ce sac d’embrouilles la lutte entre factions qui rompe l’unité de la chrétienté (et ça continue, encore et encore) ; d’un côté en occident l’influence des papes de Rome favorise le catholicisme et de l’autre en orient Constance soutient l’arianisme. Alors, crac, boum, hue ! Nous voilà reparti pour une guerre fratricide.

    Constantin marche sur l’Italie, Constant lui envoie ses meilleures troupes d’Illyrie et en avril 340, Constantin se fait zigouiller dans une embuscade aux environs d’Aquilée (Vénétie). Redistribution des cartes : l’occident pour Constant et l’Orient pour Constance. Les deux frelots vont toutefois coexister malgré leurs divergences et leurs politiques religieuses contradictoires. Défense des frontières oblige !

    Constance est empêtré dans le conflit perse ; Constant mène une campagne victorieuse en 341-342 contre les Francs et en 343 il lutte contre les Pictes et les Scots le long du mur d’Hadrien en Bretagne. Sur le plan religieux  tous deux interdisent les sacrifices païens et la pratique de la magie ; ils encouragent la fermeture, mais non la destruction, des temples païens désaffectés. Paradoxe, Constant, qui est lui-même homosexuel, devient le premier empereur qui édicte une loi contre l’homosexualité, punissant de mort « cum vir nubit feminam viris porrecturam » « l’homme qui épouse un homme comme s’il était une femme » c’est-à-dire celui qui devient gay par passivité ou soumission ! Bonjour les tribunaux ! Comment déterminer ceux qui vivent leur passion en hommes libres  de ceux qui deviennent  invertis  « par soumission et passivité » ? Et bien sûr la loi ne concerne que les hommes, pas les fenottes.

    La vraie pomme de discorde (pas celle du jardin d’éden) entre les frangins, reste le schisme permanent entre catholicisme occidental et arianisme oriental qui conduit à des persécutions dans chaque camp. Finalement ce sera le statuquo en 346 chacun menant sa propre politique religieuse sans que l’autre n’y trouve rien à redire.

    Nous pourrions souffler un peu, seulement voilà : Constant n’est pas populaire car il a sans cesse besoin d’argent. Il accentue la pression fiscale, pratique ouvertement la corruption, et se montre peu regardant sur les exactions de ses hommes de confiance. Ça ne pouvait pas durer autant que la rue Michel ! Magnence un officier ancien esclave de Constantin 1er promu général en chef des armées du Rhin se fait proclamer empereur à Augustodunum (Autun), il pourchasse Constant qui taille la route vers l’Hispanie avant de  se faire rattraper à Helenae (Elne, Pyrénées-Orientales). Il se fait alors estourbir dans cette bourgade et dans le temple où il s’était réfugié. Ironie du sort Helenae est le nom donné à l’ancienne Illibéris par Constantin le Grand en hommage à sa mère et donc à la grand-mère de Constant. Vous l’avez deviné, Magnence est dès à présent considéré comme usurpateur et à nouveau, la chienlit s’installe pire que dans Games of Trones avec des conséquences irréversibles. D’autant que Népotien un neveu de Constantin 1er se fait lui aussi proclamer empereur ; heureusement, ce dernier ne règnera que 23 jours avant d’être battu et mis à mort sous les murs de Rome par Marcellin général de Magnence.

    La bataille de mursaNous assistons alors à ce qui s’apparente à une sorte de suicide de l’empire d’occident. D’un côté nous avons un contingent de 60 000 hommes composant l’armée romaine de Constance II et de l’autre 35 000 hommes composés d’unités romaines et de nombreux contingents barbares sous les ordres de Magnence. Dans un premier temps Constance prends en 351 la pâtée à Atrans en Slovenie. Il offre un compromis à Magnence. Celui-ci refuse et à son tour subit deux revers à Siscia en Croatie et Sirmium en Serbie. Les deux armées se regroupent et se retrouvent sur la Drave affluent du Danube à Mursa en Croatie. Nous sommes le 28 septembre 351.
    Les premières escarmouches donnent l’avantage à Magnence, mais coup de théâtre, le tribun Silvanus, officier franc (mais pas franc du collier. Bon d'accord l'expression est un peu facile, mais j'aime bien), entraîne son contingent de cavalerie (cataphractes et archers à cheval asiatiques) vers les troupes de Constance pour se mettre sous ses ordres. La bataille commencée en fin d’après-midi avec de multiples assauts voit la victoire pour la première fois d’une cavalerie lourde sur les légionnaires et Magnence mit en déroute prend la fuite. Sur le champ de bataille on dénombre 30 000 morts parmi les 60 000 soldats de Constance et 24 000 victimes pour les 35 000 hommes de Magnence. Cette hécatombe est d'une telle ampleur chez les deux belligérants que la puissance romaine de l’empire d’Occident ne s’en remettra jamais. D’autant que dans les mois qui suivirent, les tribus germaniques profitèrent des frontières dégarnies pour envahir les provinces gauloises qu’elles ravagèrent sans opposition. Magnence connaît de nouveau la défaite aux Mons Seleucus  (La Batie-Montsaléon, près de Gap). Il parvient jusqu’à Lugdunum où il se donne la mort le 10 août 353. Il faut dire que pour une fois, les gones l'avaient fraîchement accueilli ; ils n’avaient cette fois, pas pris fait et cause pour le mauvais cheval.
    Constance devient donc le seul maitre de l’empire romain.
     

    Fin de l'épisode, à suivre...


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