• 34e épisode - Constantinople - Le concile de NicéeEn 324 Constantin transforme Byzance en Constantinople « la nouvelle Rome » pour des raisons stratégique car bâtie sur un site naturel pratiquement inexpugnable à l’inverse de Rome. La cité est située près des frontières du Danube et de l’Euphrate ce qui permet de contenir les Goths et les Perses. Si des temples païens y sont implantés, très vite la ville ne comportera que des édifices religieux chrétiens. Il fait construire un palais royal, un Hippodrome (nouvelle dénomination des cirques romains) et l’église de la Sagesse Sacrée (Sainte-Sophie). 

     

    L’organisation du pouvoir central est modifié avec le remplacement du Préfet du prétoire par le questeur du Palais sacré qui rédige les édits et dirige le consistoire ; le maître des offices est en charge du personnel administratif, le maître des milices gère l’infanterie et la cavalerie, le comte des largesses sacrées dirige le fisc ; j’aime bien le terme largesses sacrée, ça fait un peu chinois. Vous me voyez arriver au centre des impôts et déclarer : « Bien le bonjour madame la préposée à l’accueil, je souhaite m’acquitter de ma redevance et faire cinq sous à monsieur le contrôleur des largesses sacrées. C’est plus classieux que : où est ce trouffignon de percepteur que j’y refile mon chèque. »  
    Le Sénat reprend la première place dès 312 avec le transfert des chevaliers ce qui lui confère un effectif qui passe de 600 à 2000. Mais la grande nouveauté est cependant l’augmentation des fonctionnaires travaillant dans les bureaux centraux. Une foule de notaires, d'agents secrets (les agentes in rebus), près de 1 000 fonctionnaires font de l’Empire romain une véritable bureaucratie.

     

    Pour favoriser les chrétiens il abroge les lois sur le célibat, impose le repos dominical autorise l’affranchissement des esclaves par déclaration dans les églises à qui il autorise de recevoir des legs. Les plaideurs peuvent choisir entre le tribunal civil ou la médiation de l’évêque. Il promulgue des lois contre la prostitution des servantes d’auberge, renforce le poids du mariage avec le sacrement religieux, punit l’adultère d’une femme avec son esclave et restreint le droit au divorce.

     

    Sur le plan économique il institue le solidus, monnaie d’or appelée sou dont la stabilité et l’abondance est assurée par la confiscation des stocks d’or des temples païens, mais la dévaluation des monnaies d’argent et de bronze appauvrit les couches modestes de la population.

     

    34e épisode - Constantinople - Le concile de NicéeA cha peu un cuchon de monde abjurèrent leurs croyances païennes tout en conservant leurs croyances et leurs pratiques superstitieuses. C’est ainsi que le christianisme romain adopta et intégra une partie du culte impérial et des fêtes comme les saturnales et le 25 décembre (sol invictus) qui devinrent les fêtes de la nativité. Pour les ceusses qui connaissent ou étudient les religions, le culte de Mithra qui a disparu et a été annihilé notamment parce qu’il n’y avait pas d’écrits, de nombreux points communs concernent les deux religions telles la masculinisation des officiants, quelques dates de fêtes, la mitre et la crosse des évêques...34e épisode - Constantinople - Le concile de Nicée

     

    Pour mettre fin aux querelles qui divisent les chrétiens, Constantin convoque et préside le Concile de Nicée en Bithynie (Turquie) le 20 mai 325. Il s’achèvera le 25 juillet avec la promulgation d’une profession de foi ou credo qui n’est autre que le ‘’Je crois en Dieu...’’ actuel, c’est-à-dire la croyance en la Trinité, Dieu le père, Jésus Christ le fils et le Saint-Esprit. 20 ‘’canons’’ fixent les règles comme par exemple : la discipline (le canon 3 interdit aux clercs d’avoir une femme dans sa demeure à l’exception de sa mère, sa sœur, sa tante ou de quelque personne au-dessus de tout soupçons), l’ordination des évêques, l’excommunication, la gestion et les attributions hiérarchiques... le canon 20 est assez surprenant : il interdit la génuflexion pour prier le dimanche et pendant la Pentecôte.


    Enfin la lettre dite ‘’encyclique aux églises’’ accentue la scission entre les religions juive et chrétienne : « la question touchant la fête de Pâque y ayant été agitée, tous sont demeurés d'accord d'un commun consentement de la célébrer le même jour… Tous ont jugé que c'était une chose indigne, de suivre en ce point la coutume des Juifs… Ils sont si fort éloignés de la vérité, même en ce point, qu'ils célèbrent deux fois la fête de Pâque en une année… Embrassez donc volontairement l'usage, qui est établi à Rome, en Italie, en Afrique, en Égypte, en Espagne, en Gaule, en Angleterre, en Achaïe, dans le Diocèse d'Asie et de Pont, et en Cilicie. » Vous y voyez les gones que la connaissance de l’histoire explique bien des turpitudes qui agitent encore notre monde moderne.
    Ainsi se met en place ce que nous appelons le césaropapisme un régime où les pouvoirs politique et religieux sont séparés mais pas dissociables car le détenteur du pouvoir politique considéré d’essence divine exerce son autorité sur l’église sans empiéter dans le domaine du dogme et l’empereur est soumis aux mêmes obligations morales et spirituelles que les autres fidèles. Il en sera ainsi jusqu’à la Révolution française.

     

    Constantin, n’a pas pour autant négligé la protection des frontières au cours de son règne. Sur le Rhin il combat les Francs et les Alamans en 306 309 et 313 et la reprise des relations commerciales atteste du calme revenu. Sur le Danube il remporte une grande victoire sur les Sarmates à Campona en 324 puis refoule les Goths la même année. Depuis la paix de 297, la Perse est demeurée relativement tranquille, mais (encore un coup de la sorcière aux dents vertes) tout par en quenouille en 333 quand les Perses sassanides de Shapur II tentent de dominer l’Arménie et persécutent les chrétiens avant de déclarer la guerre en 337. L’empereur envisage une croisade (déjà ! c’est y pas dieu posse) en se faisant accompagner des évêques. Mais il meurt en mai 337 en Nicomédie au milieu des préparatifs de la campagne.
    D’après Eusèbe de Césarée il serait mort le 22 mai, le dimanche de Pentecôte.

     

    Selon le ‘’parler gaulois de Lugdunum’’, l’actuel ‘’parler lyonnais’’, à cha peu signifie petit à petit, un cuchon c’est un grand nombre et le mot monde quand il représente les personnes, est toujours un pluriel invariable (c’est singulier, je sais !) ce qui explique que le verbe abjurèrent soit conjugué au troisième pronom du pluriel.

     

    Les empereurs laissent parfois des traces indélébiles : Constantin : la chrétienté, Charlemagne : l’école (pas la barbe fleurie) et Napoléon : le code civil (pas la main dans la vareuse ! soyez pas tarabates ce qui signifie sots et turbulents).

     

    Tout ceci est une autre histoire.


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