• Carus préfet du prétoire est proclamé empereur par l’armée. Il refuse  dans un premier temps, puis accepte à la confirmation de la mort de Probus. Il accorde aussitôt le titre de César à ses deux fils : Carin, à qui il laisse le gouvernement de l’Occident et Numérien qui l’accompagne en Orient. Tous deux mènent une campagne victorieuse contre les Sarmates en Pannonie et les Perses jusqu’à atteindre leur capitale Ctésiphon. 
    Et là, parlant par respect, ça part en sucette ; Carus meurt subitement en août 283, frappé par la foudre dans sa tente. Alors croyant à la colère de Zeus, l’armée exige de revenir en territoire romain. 
    De son côté, Numérien atteint d’une affection oculaire est resté cloîtré dans sa tente. Son beau-père Arius Aper préfet du prétoire l’y trouve clamsé. Il a sans doute pété un câble car il dissimule la mort et installe son beau-fils en litière fermée avant de prendre la route. Mauvais plan, car l’odeur de putréfaction fait découvrir la supercherie. 
    Mis en accusation, Aper n’a pas le temps de s’expliquer, qu’il se fait poignarder par Dioclès commandant de la garde impériale lequel est aussitôt nommé empereur par les soldats. 
    Ça sent un peu l’arnaque comme si Dioclès avait été l’instigateur de la décision stupide d’Aper (qui était le prétendant légitime à la pourpre impériale, puisque préfet du Prétoire) pour ensuite le zigouiller avant qu'il ne dévoile "le poteau rose" et devenir ainsi calife à la place du calife (dixit Iznogoud. Rappelez-vous !).

    Comme de bien s’accorde il y a embrouille entre Dioclès et Carin qui, malgré son avantage en 285 sur les troupes de Dioclès, se fait assassiner par un officier dont il avait séduit la femme ; c’est ballot non ! Et donc, c'estsous le nom de Dioclétien que le nouvel empereur devient le seul maître de l’Empire romain. 
    Après son accession au pouvoir, en 286, Dioclétien nomme 
    coempereur son collègue Maximien Hercule puis il délègue encore son pouvoir en nommant le 1er mars 293, Galère et Constance Chlore. En vertu de cette « Tétrarchie » chaque empereur règne sur un quart de l'Empire. Dioclétien sécurise les frontières de l'Empire et combat toutes les menaces de son pouvoir. Il bat les Sarmates, les Carpes, les Alamans et les usurpateurs d’Egypte ; il fait campagne avec succès contre les Sassanides, met à sac Ctésiphon en 299 puis négocie et réalise avec les Perses une paix durable. Dioclétien quitte le pouvoir, le 1er mai 305. Il est ainsi le seul empereur romain à abdiquer volontairement. Il meurt dans son palais en 311. 
    Pendant son règne, Dioclétien a procédé à une refonte totale des provinces qui sera complétée par ses successeurs. Les provinces passent de 47 à 85 qui sont regroupées, à l'instar des légions en douze diocèses gérés par des vicaires recrutés dans l’ordre équestre et dépendant uniquement de l’empereur. Parallèlement, des changements sont opérés dans le personnel administratif : cette mesure vise tout à la fois à multiplier le nombre de fonctionnaires attachés aux bureaux des gouverneurs, et à rapprocher l'administration des habitants de l'Empire.

    La grande persécution anti-chrétienne (303-311)

    Une nouvelle persécution contre les chrétiens démarre à partir de 303. Galère craignant la vengeance des dieux tutélaires encourage Dioclétien à sévir pour assurer l'unité de l'Empire. Quatre édits universels sont promulgués en 303-304 et affichés dans toutes les villes d'Orient. Ils entendent désorganiser complètement les communautés chrétiennes en rendant leur culte impossible 
    - les églises et les livres sacrés doivent être brûlés. 
    - les évêques sont emprisonnés et les chrétiens qui occupent des fonctions officielles sont radiés, 
    - les esclaves ne peuvent plus être affranchis.
    - les repentis doivent être libérés.  
    - la peine de mort est appliquée contre tous ceux qui refusent les sacrifices.
    Les crieurs publics convoquent tous les habitants (hommes, femmes et enfants) pour les y contraindre : il est difficile de s'y soustraire puisque l'appel est nominatif. La persécution est cette fois systématique et repose davantage sur l'administration locale, plus présente depuis les réformes de la tétrarchie. 
    Je croyais que l'admistration devait se raprocher de l'usager, pas l'exterminer !!! Oui, mais le chrétien c'est pas un usager, c'est un "sectaire". Ah bon, même s'il paye ses impôts ? Tu chipotes, l'administration est au service de l'usager, s'il ne contrarie pas le gouvernement en place. Ok! en résumé on peut aussi dire que démocratie c'est la contraction de "des mots crasses, si !" Tais toi on va finir dans l'arène... 

    Elle dure jusqu'en 311 en Orient où l'édit de tolérance dit "édit de Sardique" suspend ceux de 303-304. Il est promulgué le 30 avril 311 par le même Galère qui avait été l’initiateur de la persécution et cela quelques jours avant sa mort (en mai) ; se sentant copain avec la grande faucheuse, il a peut-être pris la pétoche en craignant de se faire houspiller par les dieux, à son arrivée aux champs élysées, pour avoir poussé le bouchon un peu trop loin.
    La répression avait été mise en sommeil très tôt en Occident : Constance Chlore, (mort lui aussi de mort naturelle le 25 juillet 2006) qui gouvernait en Gaule avait mis si peu d'ardeur à appliquer les édits qu'on n'y connaît aucun martyr et d'ailleurs, les auteurs antiques parlent de milliers de victimes, surtout dans la partie orientale de l'Empire (ce qui révèle que la part des chrétiens dans la population de l'Empire s'est considérablement accrue). Saint-Sébastien est une des victimes les plus célèbres de cette persécution (fresque de Véronèse au Vatican)

    Pendant vingt ans, l'Empire a donc vécu dans une relative stabilité politique tandis que les menaces extérieures ont été fortement diminuées durant la dernière décennie tant sur la frontière rhéno-danubienne que sur le front perse. Il subsiste cependant entre 206 et 210 une période un peu cafouilleuse qui ressemble un peu à l’anarchie jusqu'à l’officialisation du règne de Constantin fils de Constance Chlore, mais ceci est une autre histoire...

    Fin de l'épisode, à suivre...


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  • L'assassinat d'Aurélien, aussi incongru qu'inopiné et surtout sans une seule motivation de prétendant à l'imperatorius purpura, laisse perplexe l'Armée qui se trouva fort dépourvue (comme la cigale quand la bise fut venue) de candidats à ce qui ressemble à une forme de suicide personnel. Au bout de deux mois, l'Armée refile la patate chaude au Sénat qui offre en septembre 275, le titre impérial à Tacite un sénateur de septante-cinq ans. 
    Plein aux as et sans héritier, il fourgue sa fortune de près de 300 millions de sesterces pour renflouer les caisses de l'Etat. Il promeut Probus un général bien vigoret, commandant de l'armée d'Orient pour assurer la protection des provinces de Syrie et d'Egypte. De son côté, avec son frangin Florien, il part guerroyer en Asie Mineure oùsque les Goths viennent d'atteindre la Cilicie. Victorieux, il n'a pas le temps de profiter de sa victoire qu'il chope une infection purulente et mortifère et donc dépote son géranium en juin 276. Aussi sec, Florien le remplace mais il se fait dégommer par ses soldats à Tarse en septembre, lesquels se rallient à l'armée d'Orient qui avait nommé Probus empereur dès le mois de juillet. Prudent, le Sénat ratifie le choix des militaires.

    Agé de 44 ans, l'empereur est un brillant stratège. Il se dirige vers la Gaule esbignée grave par les raids des Francs et des Alamans qu'il défait en 277 à leur retour vers le Rhin. La dérouillée est sévère avec plus de 400 000 barbares tués et 16 000 enrôlés dans l'armée romaine et tout le butin est récupéré. Sur sa lancée, en 278, il récupère les Champs Décumates entre Rhin et Danube, mettant ainsi la Gaule à l'abri des raids germains. L'année suivante, il poursuit ses campagnes victorieuses en Rhétie contre les Vandales et les Burgondes ainsi qu'en Thrace contre les bandes de Sarmates. De leur côté ses légats ramènent l'ordre en Isaurie (région des Monts Taurus en Turquie) et cerise sur le gâteau, la pacification s'achève par une trêve signée avec le roi de Perse Vahram II. C'était pas rien un cogne-mou le Probus ! Pour compléter le tableau, rajoutons les trois tentatives d'usurpation qui font long feu comme des pétards mouillés :
    En 280 Saturninus proclamé à Alexandrie, se fait assassiner par ses troupes assiégées à Apamée en Syrie par les légions fidèles à Probus. La même année, à Cologne, Bonosus un marque-mal avait sottement laissé les Germains incendier la flotte du Rhin. Pour ne pas se faire houspiller, le couyon avait cru bon de se proclamer empereur ; mais il se fait battre par Probus et choisit le suicide. En 281, les habitants de Lugdunum nomment Proculus un riche marchand empereur. Par Sainte Marie Alacoque, les gones avaient dû forcer sur le beaujolais car le gugusse est un rien pétochard puisqu'il file se réfugier chez les Francs dès qu'il apprend que l'armée régulière marche sur la ville. les Francs pas franchement ravi de l'encombrant personnage, le livrent à l'empereur qui manu militari le fait exécuter. Et un et deux et trois... zéros !

    Malgré les batailles, Probus prends aussi des mesures de rétablissement économiques notamment en faveur de l'agriculture. C'est à lui que nous devons nos beaux vignobles et Gnafron et son copain Guignol ne vont pas s'en plaindre. En effet, l'empereur autorise à nouveau la culture de la vigne et la production de vin en Gaule et en Pannonie, annulant l'édit Domitien promulgué deux siècles plus tôt et qui avait interdit la plantation de vignes.
    Il installe aussi des colons germains, Francs et Alamans sur des terres agricoles abandonnées. Il avait bien essayé avec les Goths qui à la première occasion se révoltaient et pillaient autour d'eux ce qui leur valu d'être massacrés et refoulés en dehors de l'empire. Enfin il lance des travaux de voirie, de drainage et de bonification des terres obligeant les propriétaires à entretenir les canaux d'irrigation.

    Nous sommes en 281 et il peut enfin célébrer son triomphe à Rome où il donne des jeux magnifiques ; joutes de plus de 600 gladiateurs, décors de centaines d'arbres pour des "chasses" de milliers d'animaux exotiques. On lui doit cette phrase en référence au fait d'avoir pacifié l'empire : " Brevi milites necessarios non habebimos " " Sous peu nous n'aurons plus besoin de soldats ".
    En 282, il nomme Carus préfet du prétoire et lui confie la défense de l'Occident. Il se met en route vers l'Orient pour entreprendre la conquête de l'Arménie et de la Mésopotamie contre les Perses. 

    Pour donner une bonne image de l'armée impériale auprès des populations et parce qu'il n'aimait pas voir ses troupes désœuvrées, il avait pour habitude de les faire participer à des travaux divers comme la plantation de vigne, l'assèchement des marais ou le percement de canaux. Et c'est là que ça tourne en béchamel ; Apinchant des soldats qui se la jouent traine-savate, il les houspille et les légionnaires fatigués et surpris, pètent un câble et se transforment en mutins. Probus se réfugie dans une tour d'assaut, mais les légionnaires y mettent le feu le poursuivent et le trucident quand il s'échappe du brasier.

    Rapidement informée, la curie Romaine est choquée ; les mutins sont rapidement arrêtés et jugés et de nombreuses condamnations à mort sont prononcées pour l'exemple ainsi que des peines de travaux forcés dans les mines de Dacie. 
    Le règne de Probus s'annonçait pourtant long et glorieux : au moins une vingtaine d'années au lieu de six. Il laisse en héritage un empire sorti de crise aux fondations solides et bien administré. Il a certainement contribué à repousser d'un siècle la chute de l'empire romain et pourtant son action n'est pas évoquée dans les manuels d'histoire : "Ingratus de memoria" "la mémoire historique est ingrate". 

    En parlant d'ingratitude, la fable "le Loup et de la Cigogne" en est un bon exemple.

    Fin de l'épisode, à suivre... 

    Le Loup et la Cigogne

    Le loup c'est bien connu, est un fieffé glouton
    Qui baffre sans respirer les agneaux, les moutons
    En étant si pressé, il aurait pu crever
    D'un bout d'os de gigot planté dans le gosier

    Il avait, n'en déplaise, comme d'autres arsouilles
    Une bonne dose de bol, le cul bordé de nouilles
    Car notre amie Cigogne qui s'en venait par là
    Du loup tout gargouillant sans crainte s'approcha

    Arnouchant le tableau, elle oeuvra aussi sec
    Dans la gueule du loup, en y plongeant son bec
    Retira l'osselet, le montra pas peu fière
    Au loup ragaillardi, réclamant son salaire

    Te fourguer mon oseille, t'as fumé la moquette
    Ne t'ai-je pas, bon zig, laissée en vie minette
    Sans te croquer le cou si près de mes chaillottes
    Alors casse-toi ingrate ou sinon j'te boulotte


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