• Où quatre Julia vont interférer dans la marche de l'Empire.

    Macrin préfet du Prétoire, né en Maurétanie Césarienne (l'actuelle Algérie) est maure et il devient le premier empereur issu de l'ordre équestre. Pas porté sur la bigorne, il s'empresse de signer la paix avec les Parthes et offre au sénat de collaborer avec lui ce qui irrite un chouia les faucons de l'armée. Hélas, il n'aura pas le temps de se rendre à Rome. Il crèche à Antioche où il s'attire les foudres non pas de Jupiter mais de trois fenottes : Julia Maesa la soeur de Julia Domna (mère de Caracalla) qui s'est laissée mourir de faim et de chagrin après l'assassinat de son fils, et les deux filles de Maesa, Julia Soaemias et Julia Mamamea. Les trois princesses syriennes suspectent Macrin d'être le commanditaire du meurtre de Caracalla et donc lui font porter le chapeau de la triste fin de Domna. Elles sont respectées du peuple et surtout friquées comme Crésus. Elles n'hésitent donc pas à cracher au bassinet pour soulever les légions de Syrie qui suivent comme au poker et proclament Varius (petit-cousin de Caracalla et fils de Soaemias) empereur. Macrin se fout en rogne et rebelote pour la foire d'empoigne, les deux armées s'affrontent. Macrin est battu et il se fait assassiner en Bithynie. J'ai pas dit bikini mais bien Bithynie province romaine (une partie de la Turquie actuelle) limitée par la Paphlagonie à l'est, la Galatie et la Phrygie au sud, la Propontide et la Mysie à l'ouest et avec Nicée pour capitale. 

    Nous sommes en juin 218 et Varius âgé de quinze ans est intronisé sous l'appellation César Marc Aurèle Antonin. Il laisse les rênes du gouvernement à sa grand-mère Maesa et instaure le titre de clarissime à sa mère Soaemias, ce qui lui donne l'accès au sénat et le droit de prendre place à côté des consuls (elle fut la seule femme dans tout l'empire à accéder à ce poste). Les vieux Romains misogynes en sont horripilés et commencent à ruminer leur rebiffe. Pendant ce temps, l'empereur dispendieux et extravagant, un vrai marque-mal, s'adonne à ses turpitudes.

    On raconte qu'en été 219, il prit la route de Rome avec une procession qui transporte une pierre noire tombée du ciel sur un char tiré par des chevaux blancs qu'il conduit à reculons. Il arrive au Palatin où il fait construire un temple dédié à Héliogabale, le dieu du Soleil invincible dont il avait été nommé grand-prêtre à treize ans. Il y fait acheminer : la statue de Junon, le feu de Vesta, le Palladium (pas les godasses, la statue sacrée de Pallas Athéna en armes) et les douze boucliers sacrés d'airain dédiés au dieu Mars. il prend alors le surnom d'Elagabal.

    Un tantinet mystique, il veut promouvoir un culte unique inspiré de Mithra "le Sol Invictus", et fiche la paix aux chrétiens. Il scandalise à nouveau en enlevant la grande vestale Aquilia Severa pour que naissent de son union des enfants divins. Seulement voilà ! il était porté sur la gent masculine et ne la touche pas. Il s'en sépare et "épouse" Hieroclès puis Zoticos deux colosses grecs. Il se livre à des orgies homosexuelles offrant à ses invités des raffinements de table digne de Cléopâtre. Toujours aussi fol dingo, il leur offrait aussi des surprises redoutables. Il fallait voir la tronche de ceux qui se réveillaient de l'orgie en se retrouvant nez à museaux avec des lions ou des ours (apprivoisés donc inoffensifs) !

    Sa grand-mère le convainc de nommer césar le fils de sa tante, (la vraie, la soeur de sa mère : Julia Mamamea) sous l'appellation Septime Sévère. Flairant l'arnaque, Elagabal cherche à zigouiller son cousin. L'armée murmure ; il veut arrêter les meneurs lorsqu'une foule furieuse envahit le palais et le massacre. Son corps est trainé à travers les rues de Rome puis le populace tente de jeter le cadavre dans les égouts mais les conduits sont trop étroits alors il le jette dans le Tibre depuis le pont Aemilius. Nous sommes le 11 mars 222, Elagabal venait d'avoir dix-neuf ans.

    Comme de bien s'accorde, le sénat promulgua le damnatio memoriae c'est à dire la destruction de tout ce qui pourrait rappeler le souvenir d'Elagabal (statues, dédicaces...) Pourtant, il est une dédicace qui a échappé à la destruction. Elle a été retrouvée lors de la démolition du pont de la Guillotière à Lyon, un bloc de pierre de 57cm X 180cm X 55cm qui stipule : A l'empereur César Marc Aurèle Antonin, fils d'Antonin le Grand, petit-fils du divin Sévère, pieux, heureux, auguste, grand pontife, revêtu de la troisième puissance tribunitienne, consul pour la troisième fois, proconsul, père de la patrie, les citoyens romains résidant dans les trois provinces de Gaule, ont élevé cette statue officiellement, par les soins des alletis et à la fois summi curatores, Julius Saturnies de la province de Lyonnaise, Ilius Sabinus de la province de Belgique, Aventinius Verissimus de la province d'Aquitaine.

    Elagabal avait donc sa statue à Lugdunum et faisait l'objet du culte impérial au sanctuaire fédéral des Trois Gaules. Etonnant non !

     

    Fin de l’épisode, à suivre …


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