• Lorsque Fabulix était revenu d'Alexandrie, il était accompagné de sa fenotte, Néferet, une bien canante minette qui faisait partie des suivantes de la reine Cléopâtre. Comme elle était un joli petit lot, il se l'était encotillonnée (lui avait fait la cour). Elle avait été amarinée (conquise) et ils convolèrent en justes noces sous l'égide d'un prêtre Zoroastrien du culte de Mithra, la religion montante de l’époque.

    En ce temps-là, les Égyptiens ne connaissait pas le nom de famille et ne portaient généralement qu'un prénom lequel avait une signification un peu comme pour les indiens d'Amérique ou par exemple, Pocahontas signifiait "petite espiègle enjouée". Ainsi les prénoms qui commençaient par Néfer symbolisaient la beauté: 

    Néfertiti - la belle qui est venue ; Néfertounénes - la belle existe ; Néferménedj - celle à la belle poitrine. Quant à Néferet, le vocable signifiait tout simplement : la belle.

    De leur union était né en l’an 721 (33 av J.C.), un petit boson qu'avait l'air bien dégourdi, radieux comme un soleil avec des quinquets qui reflétaient la douceur d’un clair de lune. Cette ambivalence rappela à Fabulix, Belisama déesse de la lune et compagne de Bélénos dieu solaire. Néferet songeait de son côté à Thot dieu lunaire qui protégea la déesse Isis pendant sa grossesse. Ils décidèrent de  trouver un prénom au petit belin, qui rappelle l'astre de la nuit et c'est ainsi qu'ils l’appelèrent Lunatix, (celui qui sourit à la lune). 

    Au cours de son enfance, Lunatix passait souvent de courts séjours chez son « hospes » Claudius Tartempio, l’ami de Fabulix qui possédait des terres à Brigendos (Brindas). Les Ségusiaves pratiquaient l’hospitium romain qui s’apparente en quelque sorte à un parrainage. C’était un contrat informel qui engageait l’hospes à adopter son « filleul » en cas de décès du ou des parents de l’enfant. 

    14 - Lunatix14 - LunatixCet acte ponctué par un banquet avait rapproché les deux familles et Magdelo et Néferet, les deux fenottes se partageaient l’éducation de Lunatix. Elles étaient toutes deux érudites, sachant lire et écrire le grec, le latin ; Magdelo maîtrisait le ségusiave et Néferet les hiéroglyphes. Néferet avait aussi été initiée aux mystères du nombre d’Or d’Euclide d’Alexandrie et de l’œil d’Horus dont les six parties symbolisaient les fractions de ½ à 1/64 et les six sens : le toucher, le goût, l’ouïe, la vue, l’odorat, et… la pensée. Autant dire que tout ceci permis à Lunatix qui n’était ni bras-cassé, ni ébravagé de devenir adolescent, un gone bien artet et démenet, avec une tête bien faite qui ne soit pas seulement bien pleine.

    De leur côté, Fabulix et Tartempio, lui apprirent : le premier l’art du discours et de la diplomatie et le second ancien légionnaire élevé au grade de décurion dans l’ordre équestre, les techniques de combat et de la monte à cheval.

    En 741, pour parfaire son éducation, son père lui proposa de rejoindre Mécène à Rome, l’ami d’Auguste et de Plancus, qui avait participé aux campagnes de Modène, de Philippes et de Pérouse avant de devenir protecteur des arts et lettres et administrateur de la Capitale. Ainsi, sous l’égide de son mentor, il côtoya notamment Horace, Ovide et Virgile.

       14 - Lunatix  - Le sénat vient de décréter la construction de l’Ara Pacis Augusta, déclara Mécène un soir, au cours du souper qu’il donnait en l’honneur de ses amis. Il doit symboliser la paix et la prospérité de notre empire.

         - Et un peu la gloire de l’empereur, dit en souriant Virgile.

         - Ne soyons pas caustique, il est de retour à Rome après trois ans d’absence pendant laquelle il a tout de même réorganisé les provinces du sud de la Gaule narbonnaise et mené des opérations de pacification en Hispanie, souligna Horace.

         - J'ai appris ce matin, que la constitutio (l’inauguration du début des travaux) aura lieu le 4 juillet prochain, c'est à dire dans une semaine, dans la zone septentrionale du Champs de mars  sur la via Flaminia, précisa Ovide.

         - Allons mes amis buvons à cet Autel de la Paix, dit Mécène. Un monument à la gloire de la Paix mérite qu’on s’y intéresse !

    Et tous levèrent leur coupe et burent « à la paix ! ». Ils se rendirent à la constitutio du 4 juillet 741 où l’empereur prononça un discours ovationné par la foule, les prétoriens et les sénateurs lorsqu’il termina son patrigot en décrétant :

         -  Le 4 juillet sera la fête de la paix et les magistrats, les prêtres et les vierges vestales procéderont à un sacrifice anniversaire. 

    L’Ara Pacis Augusta fut édifié entre 741 et 745 (9 av J.C.). Les noms des artistes qui ont participé à l'élaboration du bâtiment et des décors ne sont pas connus, mais le style artistique laisse penser à des artistes venus de l'Orient hellénistique. Lunatix, du fait de sa connaissance du nombre d’Or contribua avec les architectes à l’harmonie des formes et des dimensions du temple.

     La dedicato (cérémonie de consécration solennelle aux dieux et début du fonctionnement de l’édifice) se déroula le 30 janvier 745, jour de l’anniversaire de Livie, épouse de l’empereur ce qui souligne sans conteste, l’aspect dynastique du monument.

    Lunatix fréquentait de nombreux officiers de l'ordre équestre et était parfois convié à suivre leur entraînement. Tartempio, l'avait bien formé et les vétérans appréciaient sa dextérité comme cavalier et dans les affrontements simulés au glaive. Pendant les pauses, il s'était lié d'amitié avec Paulus Junilius dont le père avait combattu au côté des cavaliers sarmates pendant la guerre des Gaules et s'était retiré en Syrie.

         - Nous ne sommes plus en guerre avec l'Empire Parthe, lui dit-il. Je vais être caserné près des terres offertes à mon Père  du côté de Palmyre. Je serai honoré de t'y recevoir si tu as l'occasion de te rendre dans cette province.

         - Pourquoi pas! répondit Lunatix, je retourne à Lugdunum recevoir ma charge de correspondant auprès des légions comme le faisait mon Père, le destin nous permettra certainement de nous revoir.

    A suivre ...


    4 commentaires
  • Misère de bon sang de bois, une poutrone que venait juste d'avoir ses trente et un ans quand elle a dépoté son géranium en se faisant piquer par un aspic. Cléopâtre aurait mieux fait de venir en villégiature à Lugdunum. Je connais un traiteur qui mitonne des aspics au jambon, un délice.

    R13 - Trion - Voies romainesien à voir avec cette saleté de vipère vénimeuse.

    Et puis moi ça risque pas de m'arriver car la seule fois où je me suis trouvé nez-à-museau avec un serpent siffleur, il a pas eu le temps de réciter ses grâces que j'ai saisi une bêche et je l'ai coupé en rondelle puis, pour faire bonne mesure, j'ai versé dessus une bonne giclée d'essence avant d'y mettre le feu. Il ne restait plus du reptile, qu'une merguez grillée. Faut dire, je crois, que j'ai un peu peur des serpents alors comme les Volfoni des tontons flingueurs, quand j'ai les chocottes, je massacre, je ventile et je disperse façon puzzle.

    Avec la mort de Cléopâtre qui fut la dernière reine et aussi pharaonne, l'Egypte devint une province romaine. A quelque chose malheur est bon, lassé de toutes ces guerres fratricides, et après cette dernière tragédie, l'an 725 marqua le début de la Pax Romana avec le Triomphe à Rome d'Octave qui, deux ans plus tard, le 16 janvier, sur l'initiative de Munatius Plancus, devint Auguste et empereur en instaurant le Principat*.

    Cette même année Lugdunum devint capitale de la Gallia lugdunensis (Gaule lyonnaise). Comme quoi, la reconnaissance des Grands reste toujours possible. D'autant que Fabulix qui était retourné en Gaule, n'oubliait jamais d'envoyer à son ami par colissimus (envoi rapide à l'aide de coursiers à cheval) un assortiment de sabodets, paket d'couann, bugnn et Cokons (friandise faite à base d'une pate d'amande et d'un praliné ou concassé de noisette mélangé à du sucre de betterave trempé dans un marc de raisin; cette recette évoluera au fil du temps, mais rares sont les personnes qui en connaîssent l'origine. Mes belins, belines, je ne saurais trop vous conseiller d'essayer cette formule: c'est à s'en lécher les cinq doigts et le pouce).

    La nouvelle cité commençait à avoir fière allure depuis sa création il y a seize ans, d'autant qu'elle bénificiait des faveurs d'Auguste qui y installa son gendre Agrippa, son beau-fils Tibère, le frère de celui-ci, Drussus et le fils de ce dernier Germanicus. Faut dire que la gastronomie n'était pas le seul atout de la ville qui était située à un endroit stratégique et économique d'où partirent les quatres grandes voies romaines:

    13 - Trion - Voies romaines

    la Narbonnaise (Narbonne et Massilia), l'Aquitaine (vers les pays des Santons), l'Océane (par le pays des Bellovaques et des Ambiens) et la Rhénane. L'épicentre se situait à la hauteur de la place de Trion, en haut de la montée de Choulans qui serpente en grimpant à main droite de la sortie sud du tunnel de Fourvière.

    Quelques chipoteurs et marques-mal vous dirons:

         - Pourquoi cette place s'appelle Trion de trivium "les trois routes" vusse qu'il y en a quatre?

    Ce à quoi je rebrique:

         - Bougue de caquenano, niguedandouille, artoupan toujours là à faire reproches! S'il y a trois routes, c'est à cause que les voies océanes et rhénanes commencent à Trion et se séparent à la hauteur de Vaise quand à la petite route qui rejoint la voie d'italie qui vient de Rome ou qui s'en retourne, elle compte pour du beurre!

    13 - Trion - Voies romaines

    Outre le fait que le général Agrippa gendre d'Auguste ait promulgué Lugdunum capitale des Gaules, il lança la construction du premier des quatres aqueducs qui alimenteront la ville en eau. Ce premier ouvrage long de 26 km, 10 à vol d'oiseau, partira de la Fontaine du Thou à Poleymieux-au-Mt-D'or pour atteindre le quartier des Minimes où subsiste encore les vestiges des thermes qui jouxtent le Théatre Antique. Il faudra attendre l'an 734, (20 avant J.C.) pour que l'ouvrage soit terminé et opérationnel.

    Pour les ceusses qui voudraient en savoir plus sur les aqueducs romains de Lyon, je conseille ce petit ouvrage, pas cher, très bien documenté avec de belles images et qui fera pas de tort à vos pécuniaux. En plus il est rédigé par le mami Jean Etèvenaux, historien, un bien brâve gone qu'à fait une conférence aux amis de Lyon et de Guignol en novembre 2012 sur "Lyon au temps de Guignol".

    Glossaire:

    Principat - Sous prétexte de la sauver, le principat a le goût de la République, garde les institutions de la République, mais en fait il instaure l'Empire. 

    Santons - peuple de la Gaule celtique établi entre l'estuaire de la Gironde et le Marais Poitevin.

    Bellovaques - peuple de la Gaule Belge. Installés dans le département de l'Oise, ils donnèrent leur nom à la ville de Beauvais.

    Ambiens - Installés dans la Somme, capitale Samarobriva (Amiens), ils aidèrent Vercingétorix contre jules César.

     

    A Suivre ... 


    6 commentaires



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires